Jay', passage en Ecriture

Aël slalomait entre les arbres qui se dressaient devant lui. Il courait à en perdre haleine. S'il levait les yeux au ciel, il apercevait la toison argentée, sans aucun nuage. Un douce bise soufflait et faisait bouger les feuilles qui se frottaient entre elle produisant un son agréable à entendre. Le chat noir de jais redoubla de vitesse. Il voulait la rattraper. Mais qui, elle ? Peut-être sa soeur... Ou encore une guerrière étoile. Il l'avait vue, cette féline. Mais était-ce sa soeur ? Rien ne lui permettait de le savoir hormis le fait de rattraper cette chatte. S'il s'agissait de sa soeur, il ne savait quelle réaction il aurait. De la joie, de la gaieté, du soulagement, voire de la tristesse. Ses yeux étaient fermés pour se protéger du vent qui lui giflait le visage, mais par instinct, il les ouvrit et vit à quelques longueurs de queue de renard la guerrière étoile. Des petites étincelles brillaient autour d'elle. Blanche comme la neige et avec ces petites étoiles virevoltant autour d'elle, elle était magnifique. Elle s'était arrêtée et le fixait de ses yeux bleu acier. Aël fit un pas en avant puis un deuxième. Il se stoppa net. Avec stupeur, il observa la chatte blanche. Ce n'était pas sa soeur. Non. C'était bel et bien une guerrière étoile mais qui ? Aël ne la connaissait pas. Il ne l'avait jamais aperçue. Alors, qui pouvait-elle bien être ? Le seul moyen de le savoir était de lui posait la question. La guerrière étoile s'était assise et l'observait toujours. Elle guettait ses moindres faits et gestes. Elle semblait même l'attendre. Aël continua d'avancer et se plaça juste en face d'elle. Elle ne bougea pas. Il s'assit, veillant bien à ce qu'elle ne bouge pas. Si elle fuyait à travers la forêt, il ne fallait pas qu'il est une longueur de retard. Les deux félins restèrent l'un en face de l'autre sans qu'aucun des deux ne disent quoi que ce soit. Une brume épaisse et blanche envahissait la clairière. Soudain, la guerrière étoile se précipita dans les bois, comme si elle avait vu un terrible danger. Aël se leva et l'appela, sans aucun résultat. Il s'élança à sa poursuite, malgré les faibles chances qu'il avait de la rattraper qu'il reçut un violent coup au ventre.

Aël se réveilla en sursaut, poignardé par une douleur au ventre. Destin Sanglant n'y était pas allé de main morte. Sa voix retentit dans l'antre. malgré sons esprit encore embrumé, il put comprendre ce que le félin blanc lui dit. Partir... Mais où ? Il n'avait été informé de rien ! Et puis, il n'avait qu'une seule idée en tête : se rendormir et essayer de retrouver cette guerrière étoile. Mais s'il ne se levait pas et ne suivait pas Destin Sanglant, il subirait des représailles. La voix de son chef avait plus l'air d'un ordre qu'autre chose. Il n'avait aucune envie de le suivre et de l'aider dans ses sombres dessins, mais il y était obligé. A moité endormi, il se leva et sortit de la tanière.

Il suivit son chef et dès qu'Aël apparut derrière lui, Destin Sanglant bondit sur son territoire et il commença à courir vers la destination mystère. Le chat noir de jais s'élança à son tour, prenant garde à ne pas se faire distancer mais à ne pas être trop près du félin blanc. Tandis que ses pattes d'encre le menait à destination totalement inconnue pour lui, son esprit vagabondait, à la recherche de réponses probablement introuvables. Pourtant, un question s'imposait à lui. Qui était cette guerrière étoile ? Que lui voulait-elle ? Ça, il l'ignorait et il aurait pu le savoir si Destin Sanglant ne l'avait pas réveillé. Il pourrait essayer de découvrir ces réponses à ses prochaines escapades.

Aël suivait Destin Sanglant depuis un bon moment. Et au fur et à mesure qu'ils avançaient, Aël commençait à douter de l'endroit où ils se rendaient. Ils avaient déjà passé les Quatre Chênes. Au delà se trouvait les Hautes Pierres avec la Grotte de Vie et la Pierre de Lune. Était-ce là que Destin Sanglant voulait se rendre ? Dans l'espoir qu'il y ait un chef ou un guérisseur pour pouvoir commettre un meurtre ? Pour ainsi l'obliger à tuer un félin qu'il avait sûrement côtoyé il y a des lunes ? Son esprit au beau milieu de toutes ces questions, il ne remarqua pas qu'ils étaient arrivés à destination. Il aperçut son chef s'arrêter et il fit de même. Il avait raison. Destin Sanglant avait bien l'idée de commettre un meurtre à la Grotte de Vie. Puis, le félin blanc lança une phrase étrange :

Aël dévisagea son chef. Non pas qu'il n'avait pas compris le sens de la phrase, il n'avait pas saisi le "lune pourpre". Où voulait-il en venir ? Pourquoi n'avait-il été informé de rien ? De toute façon, il s'en fichait. Il ne participerait pas à ce meurtre. Il n'en avait aucune envie. Pourquoi devrait-il aider celui qui avait ruiné sa vie ? Le meurtrier sa famille ? Le futur meurtrier des félins des Clans ? Celui qui voulait exterminer les Clans ? Aël n'était pas sûr que le félin blanc voulait exterminer les Clans, mais il s'agissait de quelque chose du genre. Un ex guerrier du Clan du Sang, ayant formé une meute de félins sanguinaires et qui sont sans pitié, que peuvent-ils bien faire d'autre que provoquer une guerre ? Vivre en harmonie avec les Clans ? Aël en doutait fort. Depuis qu'il fréquentait Destin Sanglant, il ne l'avait jamais vu épargner une victime, ressentir de la pitié ou de la compassion envers quelqu'un. Jamais. Le chat d'encre reporta son attention sur son chef et se décida à lui répondre. Il avait deviné ses sombres plans et il n'avait aucune envie d'en faire parti. Il lui répondit d'une voix plein de hargne :

Aël fut plaqué au sol en deux trois mouvements. Décidément, Destin Sanglant n'allait pas lui simplifier les choses ! Il ne pouvait dire quoi que ce soit sans se faire réprimander, menacer ou sauter dessus. Il devait toujours faire ce qu'on lui disait, sans montrer le moindre signe de rébellion. Sinon, les menaces pleuvaient. Le félin blanc, qui le plaquait toujours au sol, susurra entre ses dents une sorte d'ordre, se rapprochant plus d'une menace :

Destin Sanglant le libéra dans l'instant suivant. Il avait probablement détecter autre chose. Le félin d'encre se releva sans grande peine et jeta un coup d'oeil aux alentours. L'entrée de la grotte de vie était déserte et aucune trace de passage récent ne se voyait ; Destin Sanglant semblait s'exciter pour une raison inconnue aux yeux de son second. Aël huma l'air. Si son chef semblait avoir obtenue satisfaction, c'était qu'il avait repéré une proie. Pas une proie que l'on tue pour se nourrir, non, une proie, une future victime. Un chat de l'un des quatre Clans effectuant un pèlerinage à la Pierre de Lune, pour une quelconque raison. Le second soupira. Peut-être par désespoir ou par tristesse, il ne savait pas. Cette nuit, la lune rougirait. Le sang serait versé. Le fumet que Aël avait détecté était celui d'un chef de Clan. Un fumet que Aël ne connaissait que trop bien. Il s'agissait d'Etoile des Cascades, le chef du Clan de la Rivière. Un noble chef. Il avait souvent accueilli le félin d'encre et sa famille sur son territoire. Une amitié existait entre sa famille et le chef respectueux. Aujourd'hui, cette amitié cesserait d'être. Elle sera rompue par la mort d'Etoile des Cascades et par l'inactivité du second. Il n'agirait pas pour sauver l'ancien ami de sa famille. Il le laisserait mourir. Comme ça, il ne montrerait pas son ancienne amitié envers le chef à Destin Sanglant. Il ne risquerait pas de se faire tuer et donc de compromettre la mission qu'il s'était assigné. Oui, il le laisserait mourir. Sans aucun regret.

Une voix le tira de sa rêverie. Ce n'était pas celle de Destin Sanglant mais celle d'Etoile des Cascades. Elle ne s'adressait pas à lui ou pas directement. Plutôt à Destin Sanglant et lui. Un rire sinistre lui répondit. Puis, Destin Sanglant bondit hors de sa cachette. Aël le suivit d'un geste lent et s'installa à quelques pas de là. Son chef répondit à Etoile de Cascades avec des paroles peu rassurantes, voire effrayantes. Il fit un signe de queue au félin d'encre pour que, probablement, il s'avance mais il ne bougea pas et le félin blanc lui lança quelques mots avant de bondir sur sa proie, comme s'il s'agissait d'un vulgaire lapin :

Son chef plaque Etoile des Cascades au sol mais à partir de là, Aël ne regardait plus. Il était à nouveau dans une sorte de transe. Il était de nouveau plongé dans les confins de son esprit, au milieu de toutes ses pensées. Il songeait à cette chatte blanche. De nombreuses questions sans réponses à son sujet affluaient dans l'esprit du jeune chat. Qui était-elle ? Que lui voulait-elle ? Le félin d'encre était sûr d'une chose : ce n'était pas Dara. Il l'avait espéré pourtant mais il ne s'agissait pas d'elle. D'ailleurs, pourquoi sa soeur ne lui rendait-elle pas visite ? Pourquoi ? Qu'avait-il fait de mal pour mériter cela ? Un cri d'agonie le tira de ses pensées. Destin Sanglant venait d'achever Etoile des Cascades. Alors il en était ainsi. Il était aussi notoire que son chef. Peut-être pas de la même façon mais cela revenait au même. Il n'avait pas bougé pour essayer de sauver son ancien ami. N'était-il plus qu'un suppôt du mal ? Non. Aël ne se croyait même pas quand il songeait, quand il osait simplement y penser. Il y était contraint. Obligé. S'il voulait vivre et ainsi remplir la mission qu'il s'était assigné, il devait le laisser mourir. Parfois, un sacrifice est nécessaire pour le bien de tous, songea-t-il. La mort de quelqu'un, comme Etoile de Cascades. Son propre malheur. Sa vie entière anéantie par un seul félin. Destin Sanglant. La mort de ses parents. Puis de Dara. Et en quelque sorte l'enterrement de son ancienne vie. Celle de solitaire. Plus rien ne serait comme avant. Il aurait beau espérer revoir un jour ses amis du Clan du Tonnerre en particulier, cela n'arrivera pas. Et si cela arrivait, s'il venait à la rencontre de ses anciens amis, quel l'accueil recevrait-il ? L'amitié qu'il y avait eu entre lui et les membres du Tonnerre était finie. S'il revenait parmi eux, il serait chassé. Voire pire. Tué. Il ne pouvait savoir ce qu'il adviendrait à la fin de tout ça. Si les quatre clans gagnaient, que deviendrait-il ? Puis, une évidence vint le frapper. Jamais il ne pourrait rejoindre les Clans. Les félins des clans ne prendraient pas compte, non, ils ne croiraient jamais son histoire. Pour eux, il ne sera plus qu'un traître. Un de leurs ennemis encore vivants. Un ennemi à tuer pour avoir la paix. Pour ne plus craindre de nouvelles guerres. Et que pouvait-il y faire ? Après tout, il les comprenait. Comment croire le second de l'Apocalypse ? Il aurait pu inventer cette histoire de toutes pièces. Il serait obligé de vivre en solitaire mais pas comme avant. Vraiment éloigné des Clans. Sans les approcher sous peine de mort. Ou alors, il se laisserait tuer dans la bataille finale. Mais aurait-il seulement sa place parmi les guerriers étoiles ? Peut-être pas. Mais rien n'était encore sûr. Peut-être que certains de ses anciens amis prendront sa défense, rappelant à leurs confrères différents souvenirs qu'ils auraient en commun. Bref, son avenir était incertain et Aël songea que ce n'était peut-être pas le moment adéquat. Il attira son attention sur Destin Sanglant. Celui-ci n'avait toujours pas bougé. Le félin d'encre se leva et lança quelques mots à son chef :

Puis, il partit en courant. Il espérait que son chef ne le rattraperait pas. Il ne voulait plus le voir pendant un moment. Il souhaitait avoir la paix. Etre tranquille. Et essayer de revoir cette mystérieuse chatte blanche.

La lune se levait dans le ciel obscur de la nuit. Le vent soufflait avec violence, balayant la lande désertique. Il était glacial, annonçant les premiers grands froids accompagnés des premières neiges. La noirceur du soir enveloppait la lande ainsi que le camp avoisinant. Pas âme qui vive ne s'en approchait hormis ses occupants. Ce camp de chat avait une sombre réputation. Une réputation de tueur. Pourtant, sur une colline surplombant le camp, un chat noir comme le jais scrutait la lande, hésitant. Il ne savait que faire. S'il devait rester partir ou rester. Il avait beau se torturer l'esprit, il n'arrivait pas à faire un choix. S'il partait, il retrouverait son ancienne vie, ses anciens amis et il pourrait essayer d'oublier les horreurs qu'il avait vues. Tandis que s'il restait, il devrait encore les supporter, il pourrait essayer de venger sa sœur, Dara, ou encore découvrir les plans sombres de Destin Sanglant et prévenir les Clans pour éviter un massacre, un génocide. Mais tout ce qu'il aurait à endurer l'effrayer un peu même s'il venait de faire son choix, après quelques minutes de réflexion. Il devait rester, pour le bien des Quatre Clans de la forêt, avec les quelques solitaires arpentant leurs territoires, comme lui auparavant. Il ne devait pas avoir peur.

Le chat noir de jais n'avait pas bougé. Aël - car tel était son nom - continuait de réfléchir. Les souvenirs lui remontaient en tête et cela le désolait. La mort de Neige et Glace, ses parents, puis sa soeur égorgée par Destin Sanglant. Depuis, il vouait une haine à ce félin. Il ne pouvait rester avec lui, sans sentir des frissons dans ses pattes. A chaque fois, l'envie de tuer le félin blanc le démangeait. Mais il se retenait. Toujours. Il ne voulait pas avoir d'histoire. Même s'il serait débarrassé d'un fardeau. Au moins, il aurait vengé sa soeur. Mais il s'en savait incapable. S'il s'était affirmé au sein de ce Clan empli de tueur, ce n'était pas parce qu'il était plus violent, plus fort que les autres. Non. C'était tout autre chose. Il savait s'affirmer par les mots, non pas par la violence. Aël avait une poigne de fer depuis que sa soeur avait été égorgée. Il était devenu plus dur et les félins de l'Apocalypse savaient qu'ils ne pouvaient rien contre l'ex-solitaire. Il parlait avec une telle amertume que cela effrayait les félins du Clan. Il parlait avec calme, indifférence et assurance et les autres chats se demandaient comment il faisait. Mais cela les effrayait. Ils avaient peur. Oui, ils avaient peur de lui. Lui, qui n'était ni violent ni fort. Lui qui ne tuait pas. Il s'imposait par les mots. C'était sa force. Son unique force sûrement. Plongé dans ses pensées, dans son passé, il n'entendit pas approcher Destin Sanglant.

Aël sursauta quand il vit le félin blanc à côté de lui. Son chef semblait attendre qu'il l'aperçoive. Ce qui était fait à présent. Que pouvait-il bien vouloir ? Ne pouvait-il pas le laisser en paix de temps en temps ? L'envie de lui sauter dessus, de lui dire de partir, de le laisser tranquille le démanger. Mais s'il le faisait, il n'imaginait même pas le retour qu'il aurait. S'il avait pu, il l'aurait tué sans aucune hésitation. De sang-froid. Comme une simple réponse que l'on donne à quelqu'un ayant posé une question. Puis, le chancelier de l'Apocalypse se racla la gorge et lui murmura d'une vois mielleuse :

La lande fit résonner ses paroles peu rassurantes. Il fixa le jeune chat de ses yeux rouge sang, attendant une quelconque réponse de la part de son second. Aël, quelque peu perturbé, essayait de réfléchir, de mettre de l'ordre dans ses pensées. L'envie de sauter sur son chef l’assaillait même s'il devait résister à cette envie. Un jour, il pourrait le faire mais ce n'était pas pour aujourd'hui. Si cela se trouvait, se serait l'un des chefs de Clan qui tuerait Destin Sanglant et peut-être même que lui, il y passerait. Après tout, il faisait à présent parti de ce Clan de tueurs, même si c'était contre son gré. Il ne pouvait rien y faire et il ne pourrait pas prévenir les Clans qu'il était de leur côté parce que si son chef l'apprenait, il finirait en bouillie. Ou peut-être pas... Si. Destin Sanglant n'était pas très tendre, il n'y avait qu'à voir comment il venait de parler à son second. A l'époque, quand Aël venait tout juste d'intégrer le Clan, à l'écoute de ces paroles, il aurait pris peur. Peut-être était-ce le seul sentiment adapté ? Il n'en savait rien.

Aël était plongé dans le silence. Il n'avait toujours pas répondu à son chef. A vrai dire, il ne savait que répondre sans subir les foudres de Destin Sanglant. Il voulait qu'on le laisse en paix, qu'on ne le dérange pas. Il voulait renvoyer bouler le chat blanc. Le tueur, l'assassin de sa soeur qu'il qualifiait d'inutile. Mais en réalité, que savait-il d'elle ? Il n'avait rien de plus qu'elle. Mais ce n'était pas le moment d'y songer. Il pouvait déceler quelques signes d'impatience chez son chef. Il s'impatientait. Aël se tourna pour voir Destin Sanglant. Ses yeux rouge sang le fixaient toujours. Le félin noir de jais ne savait que répondre. Il respira un coup et lui répondit d'une voix calme :

Puis, sans rien ajouter, il se leva et partit vers le camp. Il voulait rester seul mais à priori, cela était impossible. Il n'avait rien demandé. Pourtant, tout lui tombait dessus. Il ne l'avait jamais voulu, alors pourquoi tout lui arrivé, à lui ? Qu'avait-il fait pour mériter cela ? Il l'ignorait et il ne pouvait pas répondre à ces maudites questions.

Le soleil était à son apogée mais il n'était pas visible. Les nuages noirs régnaient en maître dans le ciel et cachaient l'astre du jour. La neige recouvrait le sol d'un épais manteau blanc avec quelques traces de pas, dues au passage de félins. Le vent ne soufflait en cette journée d'hiver, contrairement à d'habitude. Un moment de répit, en somme. Les quelques chats vivant dans les environs n'auront pas à supporter le vent glacé de la saison des neiges. Le ruisseau avoisinant n'était pas gelé : il ne faisait pas assez froid. Les berges glissantes présentaient un piège bien cruel. Il suffisait de marcher dessus, de faire un faux pas pour glisser et se retrouver dans l'eau pour se retrouver mort noyé et gelé. Ce cours d'eau n'en avait pas l'air mais il était profond. Et beaucoup n'en prenait pas compte. Non loin de là, un chat noir d'encre errait près des berges sans but précis. Peut-être recherchait-il la tranquillité ou se promenait-il simplement. Seul lui savait quelles étaient ses véritables intentions.

Aël errait près du ruisseau depuis un bon moment déjà. Il voulait être tranquille, sans personne pour le déranger. Pour pouvoir réfléchir en paix, mettre de l'ordre dans ses pensées. Depuis quelques temps, tout lui arrivait. Tout s'enchaîner, sans lui laisser le temps de souffler. Il...il n'en pouvait plus. Il était tourmenté par des doutes qu'il n'arrivait pas à dissiper. Il ne trouvait pas les réponses à toutes ses interrogations. Et à chaque fois qu'il trouvait une réponse, une nouvelle question apparaissait pour remplacer celle résolue. Était-ce donc une boucle sans fin, quoi qu'il fasse ? Ou allait-elle se rompre ? Deux nouvelles questions sans réponses mais celles-ci étaient sans importance. D'autres le troublaient, et bien sûr, c'était celles qui avaient le plus d'importance pour lui. Pourquoi en était-ce ainsi ? De plus, la discussion avec la chatte blanche l'avait perturbé. Non seulement il rencontrait une guerrière-étoile qu'il ne connaissait pas dans ses rêves mais en plus elle savait qui il était ! Comment cela était possible ? Lisait-elle dans ses pensées ? Avait-elle rencontré Dara, sa chère et tendre soeur ? Il soupira. Il ignorait les réponses et cela le rendait fou. Qui ne le deviendrait pas après tout ? Peut-être Destin Sanglant en fait. Mais là n'était pas le sujet. Il n'était qu'un simple chat ignorant. Hum. Après réflexion, simple chat ignorant ne convenait pas. Il en savait beaucoup plus que les félins des Clans sur l'Apocalypse et ses plans démoniaques. Peut-être qu'à l'Assemblée, il pourrait faire quelque chose. Enfin, s'il y allait. Destin Sanglant ne l’emmènerait peut-être pas, par crainte de rébellion. Mais cela n'allait pas lui manquer. Ne plus être avec ce tueur était comme une libération. Un moment de paix. Malheureusement, un moment rare puisque le félin blanc le surveillait constamment.

Aël s'était assis près de la berge. Le bruit produit par le ruisseau réussissait à le calmer. Il se laissait bercer doucement. Il était tranquille même si des questions continuaient de le harceler. Et elles continueraient tant qu'il n'aura pas trouver les réponses. De toute façon, il ne voulait pas y réfléchir. Il ne voulait pas se prendre la tête. Alors, que pouvait-il faire ? La meilleur idée qui lui venait en tête était de rentrer au camp et de dormir, dans l'espoir de revoir Céleste et d'obtenir des réponses. Ou de nouvelles interrogations auxquelles il ne pourra répondre. Soudain, un frémissement se fit entendre. Le chat d'encre huma rapidement l'air. Il n'avait pas envie de se retourner pour savoir à qui il avait affaire. Le fumet lui annonçait qu'un chat qu'il n'appréciait pas venait vers lui. Ne pouvait-il donc pas le laisser en paix ? A priori, c'était impossible. Le félin n'était que Destin Sanglant. Que pouvait-il bien lui vouloir ?